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expat' à Bangalore
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7 avril 2007

formation Inter-Culturelle, pas du luxe...

Nous sortons quasiment tout juste de deux jours de formation inter-culturelle. Ce fut très enrichissant, et très nécessaire. Difficile de rendre compte de tout ce que j'y ai appris, mais je vais tenter en vrac de reprendre ce qui m'a marquée.

La discussion est d'abord partie sur nos impressions lors du voyage de repérage de janvier. Nous avons fait part de notre amusement quant à notre administrative manager, très "chef dans l'âme", hyper autoritaire avec ses sbires (pas question de déplacer une chaise de lui-même, il demandera à un autre de le faire), et pourtant très serviable envers nous, et toujours en train de régler 15000 choses en même temps.

Bingo nous disent nos consultants (un Français et un Indien), on a mis le doigt sur des fils à dérouler. Je ne vous donne que la synthèse :

  • la hiérarchie : elle est liée aux castes, mais aussi au noyau des relations familiales. Sommairement, dans la famille, le mâle le plus âgé a le pouvoir. Mais le pouvoir s'accompagne de devoirs, notamment celui de conserver l'harmonie indispensable du groupe, de veiller sur chacun. L'harmonie du groupe (de la société) passe par le respect envers tout ce qui vit, et par le respect de sa place dans le monde. Si on est "chef", on doit respecter sa place de chef, et faire en sorte que ses sbires restent à leur place et puissent assumer leur place (si la place d'Untel est de déplacer les chaises, ben, faut pas le faire à sa place..). Si on est sbire, on doit satisfaire son chef, en respectant son rôle.
  • la "multi-tâchitude" : de ce que j'ai compris, c'est généralisé surtout dans l'administration, où plusieurs personnes exposent leur cas à une même personne qui écoute tout le monde et gère tout ça en même temps. Et ça fonctionne (enfin, ce ne serait pas pire qu'en France selon le consultant Indien qui est en france depuis 35 ans). Parallèlement, dans d'autres catégories professionnelles, ne comptez pas sur cette multi-tâchitude : si le boulot d'un zozo est de porter le bois, mais pas de le couper, il ne le coupera pas, ce n'est pas son rôle, ça gênerait l'harmonie.
  • la différence de comportement envers les Occidentaux : un Occidental est en-dehors des règles de la société indienne. Le satisfaire fait partie des actions qui améliore le karma (que je vois comme une "épargne" pour la vie future), et en même temps, sa différence culturelle est respectée. On peut se permettre beaucoup de boulettes, à condition toutefois de faire preuve d'une certaine ouverture à notre tour, et d'être capable d'expliquer qu'on n'avait pas compris, qu'on ne voulait pas heurter de façon volontaire.

Nous revenons sur la hiérarchie de façon plus approfondie, surtout pour Lui, qui va devoir gérer une équipe de jeunes ingénieurs indiens.

  1. A noter : un jeune Indien (enfin, d'un certain niveau social) est foncièrement peu autonome (comprenez : pas du tout). Depuis son plus jeune âge, Papa et Maman, ainsi que les grands frères, les oncles, bref, tout ce qui est plus âgé que lui, ont toujours tout géré pour lui. Donc au niveau expérience personnelle et débrouillance, c'est le niveau sous-sol. Oubliez l'esprit d'initiative, ça va à l'encontre de tellement de choses !
  2. A noter encore : (là, ça devient comique) on ne dit jamais non au chef. Et on n'admet surtout pas qu'on ne peut pas faire ce qui est demandé (non pas par orgueil, mais parce que ce serait remettre en cause la capacité du chef à veiller sur nous, lui qui nous met dans une situation impossible). Cette remise en cause va à l'encontre de tout ce qu'on lui a appris - un bon chef, ce que le chef est nécessairement, nous protège, et ne nous demande que des choses possible, à nous de nous débrouiller (sans esprit d'initiative, je vous le rappelle). Bref, le plus important est de faire vivre l'harmonie du groupe à cet instant, donc, on dit oui, et on avise après. Pour un Occidental, il devient important de ne pas poser de questions fermées (la réponse sera toujours oui... ce qui ne veut rien dire). Une directive trop vague, comptant sur l'esprit d'initiative, met le jeune Indien dans la plus grande confusion, et en plus, petit à petit, le chef perd de son crédit.
  3. A noter encore : le futur est une notion assez vague. Le "plus tard" ne veut rien dire. Je fais quelque chose, et si pour une raison ou une autre, je suis dévié de ma tâche, c'est que c'est ainsi. Si la vie me ramène à la première tâche, je la reprendrais, mais sinon, ben,... Donc, si vous tenez absolument à quelque chose, il faut le rappeler régulièrement, sinon, ne comptez pas dessus. De même que le "plus tard" est une notion assez obscure pour un Indien, celle de l'urgence l'est encore davantage. Comme tout est toujours urgent, ça perd de son caractère. Et urgent, c'est au niveau de l'heure ? du jour ? de la semaine ? D'où la nécessité d'être assez explicite, et comme ci-dessus, de jalonner et de pointer régulièrement l'avancée du projet.

    A ce moment de la formation, mon Lui est assez blême. Il avait bien perçu des choses de cet ordre, travaillant avec l'Inde (mais pas seulement) depuis plusieurs années. Mais je crois qu'à cet instant, il prend la mesure de l'étendue des obstacles culturels qu'il lui faudra contourner.

  4. La hiérarchie est à respecter strictement, même par le chef. Ainsi, un chef ne va pas parler à un N-2, il parlera à son sous-chef, qui ira parler ensuite au gars en question. On peut demander des informations à un N-2, à condition que ce soit informel, sans quoi ce contact direct remet en cause la position du N-1, et remet en cause l'harmonie du groupe. Deux gars de même niveau ne communiqueront pas ensemble directement non plus : ils parleront d'abord à leur chef (l'info lui appartient, c'est lui qui sait si elle peut être donnée à un autre).

    Lui blêmit un peu plus. Une partie de sa mission est justement d'améliorer la communication au sein des équipes... La bonne blague, n'est-ce pas ?

On reparlera ensuite des symboles de l'Inde, de sa géographie, de son histoire, de son peuplement, du ssystème politique, des castes, de la place de la femme, des relations Occidentaux / Indiens... Mais ce ne sera pas pour aujourd'hui.

A bientôt ?

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Commentaires
P
Je ne sais pas trop où tu en es finalement, en partance, déjà en Inde ou entre les deux? Nous risquons de nous retrouver dans le même cas que vous très bientôt, à cette différence près que ce n'est pas notre première expatriation, nous sommes au Japon depuis trois ans. Le prochain poste pourrait bien être Bangalore dès septembre. Y a-t-il une adresse e-mail où je puisse te contacter? Bon courage en tout cas, moi je ne suis pas près d'oublier les quinze jours passés à vider la maison, à la fin c'est moi qui étais vidée!
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