Sur le chemin de l'école...
...il y a des vaches, des chiens, des chèvres, des poules et des coqs, des hérons blancs, des piou-pious aux yeux cerclés de jaune, des piou-pious corbacs un peu bleus, des singes parfois et plein de travaux tout le temps.
Pour ceux qui ont suivi depuis le début ou presque, ils se souviendront de LA route. LA fameuse. Que je prends désormais 2 fois par jour, pour déposer / récupérer Tit'Puce. Elle est donc toujours en travaux, depuis au moins janvier. Et au rythme constaté, la route qui devait etre terminée pour avril (2007), le sera peut-etre pour septembre et la rentrée des TISBiens. Cette route dessert deux grandes écoles : Indus et TISB (The International School of Bangalore, TISB). Celle de Tit'Puce s'est ouverte sur la meme route, 2 km avant la première. Bref, tout ceci pour vous permettre de visualiser une route, fréquentée par le gratin de la société internationale et pas seulememt de Bangalore-Est (pression, pression...), route qui n'a le nom de route que parce qu'elle est plus large qu'un chemin de terre et davantage fréquentée, mais qui a bien plus de points communs avec le chemin du Père Jules, vous savez, celui où on gare la voiture AVANT et qu'on suit tant bien que mal en VTT avec les enfants...
Ben cette route, elle est... fascinante. Inconfortable au possible (à ce sujet, la Toyota Innova est bien plus vivable que la Toyota Qualis, qui pourtant a davantage le profil de l'emploi), mais fascinante.
On y croise des ateliers de menuisiers, de cimentiers, de briquetiers, de tailleurs de pierre, où tout se fait avec les moyens du bord, à la main, au tourne-vis, au point qu'il m'a fallu plusieurs trajets pour repérer lesdits ateliers. Des champs semés et récoltés à la main, des rizières du meme acabit, des gens qui se lavent, des enfants cul nus dans les tas de détritus, avec les corbeaux, les chèvres, les chiens de rue, des gens qui attendent à un endroit improbable un bus cahotant roulant à toute allure.
On longe des rues aux maisons vertes, violettes, roses, jaunes, couleurs cachées sous l'age et la poussière, bordées d'échoppes de "sweets", de barbier, d'étals de légumes et fruits, de carcasses de chèvres sans tetes pendouillant en compagnie des poulets du coin, et peuplées de femmes en sari au milieu des immondices toujours présents, d'enfants en uniforme.
On traverse des taudis aux abris de bric et de broc, tipis bas de baches plastiques et de feuilles de palmier tressées, le petit réchaud au bois sous une marmitte, la femme accroupie devant qui touille, les enfants qui courent après la voiture.
Ca sent la misère bien entendu, et au début je ne voyais que ça, mais passé ce stade, j'ai vu aussi de la joie de vivre, des visages beaux de leurs sourires sincères. La vie est dure, dure mais simple, et la communauté a encore du sens ici, positif quand tout le monde partage son peu ou négatif quand elle exclue "les autres". Parce que ceux des taudis, à mon avis, ne sont pas "les memes" que ceux des rues 20 m plus tot.
Un jour, j'aimerais m'arreter avec Tit'Puce et regarder ces gens travailler, discuter avec eux, leur demander de nous montrer comment ils s'y prennent. Mais les barrieres de la langue, de la culture, du niveau de vie me retiennent. Un jour, j'espère que j'oserais. J'ai encore près de 3 ans pour oser.