Mes/aventures à Inventure

Nous avions, pensions-nous, choisi avec discernement l'école de notre fille, sur la base d'un discours très centré sur l'accompagnement de l'enfant et le lien entre apprentissages scolaires et besoin de l'enfant. En bref, l'ambition de l'école choisie est d'amener les enfants à se développer et à développer leurs compétences scolaires sur la base de projets vivants et forts. Séduisant, n'est-ce pas ?

Le tout dans une ambiance propice aux enfants, avec de l'aide pour les enfants non anglophones, un environnement accueillant, une enseignante et une aide pour une classe de 14 enfants, et 4 enseignantes pour  3 classes, la possibilité de faire tout le cursus dans le même établissement, ect.

Bien. Pour ceux qui ont suivi, je ne vous rappellerai pas que juin (la rentrée) et juillet ont été trèèeees durs pour notre Titpuce. Elle s'est sentie agressée plusieurs fois (et l'a été de fait) par des plus grandes qu'elle (la classe de 14 enfants dans laquelle elle se trouve comprend des enfants de 4,5 ans à bien passés 6 ans).

L'aide spécifique en anglais « vendue » au départ a fini par se mettre en place, à ma demande quand j'ai réalisé en août qu'il n'y en avait pas du tout, tenez-vous au pinceau j'enlève l'échelle : en octobre.

2 séances, puis il y a eu les vacances.

A la reprise, la maîtresse étant absente, et non remplacée pendant une semaine (au départ, et presque 2 finalement), ce sont les parents volontaires qui ont fait classe. Et pas d'aide à l'anglais...

Je me suis portée volontaire pour deux jours. Ce fut ...enrichissant. Je suis instit au départ, et j'ai eu quelques temps des Maternelles, j'ai aussi fait des remplacements, je vois à peu près ce que c'est de prendre une classe au pied levé. Et j'ai atterri en plein bordel, je ne vois pas d'autres mots. 

Pas de rythme, pas d'écoute, les garçons qui font la bagarre dans la classe, les filles qui refusent d'arrêter leur coloriage pour rejoindre le groupe... et nous étions 2 parents (3 le second jour), des feuilles de travaux laissées par la maîtresse inadaptés au niveau des enfants (vas-y cocotte, explique en anglais qu'il ne faut pas compter le nombre de formes mais le nombre de sortes de forme, à des gamins pour qui c'est visiblement une première et qui n'ont qu'une envie : bâcler le boulot pour retourner faire la bagarre).
Seul moment positif, c'est quand j'ai fini par les sortir sur un carré d'herbe pour jouer aux poissons-pêcheurs et au facteur (la clé de st-Georges).

En tant qu'instit, je sais combien ce métier est difficile, et je ne prétends pas être meilleure. Enfin, si un peu quand même, parce que galérer avec 14 gamins, faut pas pousser, avec un peu de sérieux et de rigueur, je pense qu'on peut s'en sortir mieux, facilement.

Sans compter qu'on m'a vendu (chèrement) une équipe compétente, à la pointe de la pédagogie, et tout le toutim. Et je découvre que ma fille ne peut absolument pas évoluer dans ces conditions. Que le travail de coloriage qu'elle ramène chaque semaine est en gros tout ce qu'elle fait de sa journée depuis 5 mois, et pire : tout ce qu'ils font, même ceux qui parlent anglais.
Il est évident en regardant le matériel pédagogique (une dinette en métal et des étiquettes de prélecture, des photocopies d'un livre d'exercices destiné aux familles pour faire bosser les gamins après l'école, pas de trace de travaux de calcul, de graphisme ou autre) qu'il n'y a pas réellement de travail en ce sens, ni en lecture, ni en écriture, ni en maths. Que même les intervenants ne savent pas ce qu'ils font (le prof de musique s'est planté de classe..., celui de danse n'est jamais venu)

Je comprends alors mieux la difficulté chaque matin pour elle d'aller à l'école...

Donc la semaine suivant ce capharnaum monumental, je m'attendais à revoir la prof de retour et à mettre les choses au clair. Mais non, pas de prof, pas moyen de savoir quand elle allait revenir., pas exactement: peut-être demain, ou après. Ouais, un jour, quoi. Mais lequel, ça...

Comme qui dirait, ce fut la goutte d'eau.