Mon aquarium
J'ai comme l'impression que les compte-rendus de voyage intéresse moyennement les foules, et que finalement, il y aurait une nette préférence pour les « aventures » quotidiennes, et les rencontres de cultures parfois pittoresques.
Monter un aquarium en Inde (quelle idée, non mais, j'vous jure) peut s'avérer riche en anecdotes drolatiques.
Tout avait pourtant bien commencé. Il y a un peu plus d'un an, lors de notre recherche de renseignements à propos de Bangalore, j'avais trouvé un forum d'aquariophilie local qui semblait révéler une communauté aquariophile active sur Bangalore. Fana de discus, j'avais bien vu que les discus ici, euh, comment dire... fallait aimer le fluo, ce qui n'est pas mon cas. De toute manière, vu la flotte pourrie dans le coin, il n'était pas question de se faire ch... à maintenir des discus (si vous connaissez ce poisson, pas la peine de vous expliquer, et si vous ne le connaissez pas, pas la peine non plus de rentrer dans les détails qui n'intéressent guère que les passionnés – qui connaissent donc).
Bref. Il était donc tout à fait envisageable de monter un bac dans le salon. De taille raisonnable, m'a dit Lui.
En avril, en arrivant, je m'empresse de contacter mes contacts (enfin, un), pour savoir un peu comment faire pour avoir la cuve, le sable (oui, faut un sable particulier, enfin, ça dépend de ce qu'on veut dans le bac, moi, je veux plein de plantes sans algues, alors bon, le sable du parc de jeu, ça ne le fera pas), des tubes néons spéciaux (toujours parce que je veux des plantes), etc... Tout semble plus ou moins possible, plus ou moins rapidement.
Prise ensuite dans d'autres soucis (la clim à faire réparer, l'approvisionnement quotidien à organiser, etc), c'est finalement en juillet que je trouve LE meuble qui va bien (pour la taille raisonnable, tout est une question de point de vue : Lui, visiblement, pensait 200 litres max - moi, j'avais compris : moins de 500 litres), puis en aout, LA cuve (dans les 350 litres, c'est très raisonnable, je trouve) qui va bien et LE menuisier qui va bien aussi pour réaliser ceci : (voir ici, et là pour la suite). J'en profite pour commander le super sol de la mort qui tue qu'on peut faire des concours avec (véridique), et attends patiemment (un exploit chez moi) la livraison prévue pour fin aout – ça arrivera finalement en octobre, faut pas pousser, on est en Inde quand même.
En septembre, je m'absente pour rentrer un peu en France, et je vide donc le bac.
En octobre, je reviens avec les poignées et les charnières qui vont bien pour modifier le couvercle, et avant de mettre en place le sol, je fais venir mon contact pour qu'il me répare les renforts qui avaient déjà cassés. Je fais ensuite échanger la peau de mes deux fesses contre des plantes (quel choix, incroyable – bon, le prix aussi fut incroyable, mais comme rappelé plus haut, on est en Inde...) Puis je me mets au boulot, et cela donne ceci :
Avant que le couvercle en bois ne se mettent à coincer (c'est sport pour ouvrir), que la racine de droite refuse définitivement de couler, que le filtre rapporté de France nous fasse des histoires pas possibles (on a passé deux jours à essayer d'arranger le bruit et le débit), que les renforts ne cassent à nouveau, et que la vitre de front ne cintre au point que le joint de silicone ne tiendra pas longtemps à mon avis (un an, peut-être deux avec du bol). Là je dois avouer, il y a eu des moments de pure dépression, des envies de coups de massue sauvages, ...
Finalement, je revide en partie le bac, je bidouille un truc pour recoller moi-même les renforts – qui ne renforcent plus rien, soyons clairs, mais qui sont nécessaires pour supporter les vitres de couverture qui empêchent une trop forte évaporation, et le pourrissage du couvercle en bois – je repasse une couche de silicone sur le joint faiblard en croisant les doigts pour gagner quelques mois, et j'adresse mes prières au Dieu-des-Racines-Qui-Coulent pour que ma superbe pièce déjà superbement colonisée par la mousse de java et la pellia finisse par être acceptée dans le cheptel des Racines-Qui-Coulent.
J'ai pas du prier correctement, parce que la racine, elle n'a jamais voulu couler. Par contre, les algues, elles, elles ont débarqué, et en masse, tendance juin 44... Alors que mon sol de compet', il était garanti 0 algues (je n'étais pas duppe, faut pas exagérer, je suis poire, mais pas à ce point – même si bon, c;est vrai que si ça pouvait être vrai, ce serait... fabuleux). Et c'était parti pour les changements d'eau massifs tous les 2/3 jours... Ca m'a bien rappelé la période de quand j'avais des discus...
En novembre finalement (hier en fait), j'entreprends de régler son compte à ma racine oubliée du Dieu-des-Racines-Qui-Coulent. Je récupère des tuiles de terre cuite au pied d'un cocotier (c'est fou ce qu'on trouve au pied des cocotiers), et j'entreprends de lester ma saloperie de racine (les deux pieds dans le béton au fond du fleuve). Ce ne fut pas sans mal, parce que contrairement aux truands qui se fichent de l'esthétique, ma victime à moi, elle devait rejoindre le fond, mais avec élégance je vous prie. Les envies de coups de massue et de suicide au tuyau de vidange m'ont assaillie en masse, mais j'ai tenu bon. Et bizarrement, allez savoir pourquoi, la racine, elle n'a pas vraiment la position idéale, la colonie de pellia et de java est derrière ou dessous, mais JE M'EN FOUS. Elle coule, c'est déjà ça, et pour ceux qui auraient oublié, on est en Inde, quand même.
Et y'a toujours pas les poissons... Qui a dit que je n'étais pas patiente ???