un peu de thé dans ce monde brutes
Ce matin, j'ai passé un long temps à discuter thé avec une personne dont la famille est dans le métier et tient une plantation dans les Nilgiris Hills. J'ai appris plein de choses que je souhaite vous faire partager !
La première, c'est qu'on cueille les deux dernières feuilles et le bourgeon des branches, rien de plus, et que selon les thés, il faut parfois que cette opération se fasse très tôt le matin, à la lampe frontale avant le lever du soleil (pour garder la dernière feuille en bourgeon fermé, ou éviter que la rosée ne "grille" la feuille sous l'effet loupe des goutelettes une fois le soleil levé), et le tout à la main. Les machines ayant tendance à couper tout et n'importe quoi, cette famille emploie beaucoup de personnel pour assurer une cueillette manuelle.
La récolte a lieu tous les 10 à 12 jours.
Ensuite, les feuilles sont mises à sécher dans une grande pièce ventilée, à la lumière indirecte du soleil. Une fois légèrement sèches, pas totalement, elles sont soit roulées à la main entre les paumes (production : 300 kg/an dans cette plantation), soit passées dans une machine qui roule les feuilles. Une autre machine peut être utilisée, la CTC (cut, tear and curl), qui va couper et rouler en grains plus ou moins fins, et donner un thé de moins bonne facture.
Une fois roulées, on sèche le tout. Pour un thé vert, on empêche alors l'oxydation en passant les feuilles à la vapeur (et on sèche), pour un thé noir, on laisse les feuilles finir de sécher naturellement.
La seconde chose qui m'a surprise, c'est que l'appellation Orange Pekoe est en fait un facteur de taille : c'est un thé (excellent ou médiocre) dont les morceaux font envion 1,5 à 2 cm, peu importe l'origine, le traitement, la qualité...
Il est aussi produit, dans cette plantation, un thé à base uniquement des bourgeons, plus exactement, de la partie supérieure des bourgeons (la machine utilisée pour le tri possède des capteurs chromatiques, et sépare les bourgeons - dorés- du reste des feuilles)
Bref, il en est un peu du thé comme du vin : de nombreuses variations selon le climat, le terrain, la plante, la cueillette, le traitement... Et il en est de l'Inde comme de la france : beaucoup de piquette et de consommateurs de piquette (pardon, de chai, lacté, sucré, et parfumé aux épices pour en masquer l'âcreté), et quand même des producteurs plus attentifs et des consommateurs plus exigeants.
Sauf que perso, depuis un an, je me suis brûlée les capteurs de goût au chai et au thé en poudre (merci Twinnings), et que du coup, je ne suis plus vraiment capable d'apprécier les subtilités d'un thé plus en finesse... avec un peu de suite dans les idées, je peux peut-être remettre tout ça sur la bonne voie !
A 150 RS (3 euros) le sachet de 250 gr de Orange Pekoe cueilli et roulé à la main, ce serait vraiment dommage de passer à côté, n'est-ce pas ???