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expat' à Bangalore
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17 mai 2008

un certain fonctionnement

Je voudrais ce jour vous toucher 2 mots de la personne chez qui j'apprends la cuisine indienne du nord. Cette dame (je dirais une quarantaine d'années) est très joviale. Elle aime danser le bollywood avec ses amies, peint des tribals designs sur de la soie, a ouvert dans une pièce libre une sorte de magasin où elle revend des meubles commandés sur catalogue, et elle propose donc aux "ladies" de leur montrer des plats typiques indiens.

Ce fut très intéressant. Mais ça a commencé, après une grosse demi-douzaine de séances,  à virer à l'indienne quand on lui a demandé ce qu'elle pouvait nous apprendre de la cuisine moins ordinaire du nord. Oui, parce que bon, les ragouts de patates et le poulet aux épices, ça va, mais même en changeant 1 ingrédient d'une fois à l'autre, ça ne donne pas l'impression de manger vraiment différemment.

Au passage, les notions d'équilibre alimentaires lui sont sacrément étrangères, et elle n'hésite pas à présenter, au cours du même repas (repas quotidien), des patates, des chapatis (sorte de pain), du riz ET des lentilles ou des pois chiches. Pour les féculents, n'en jetez plus, la coupe est pleine ! Y'a bien quelques tomates bouillies qui traînent dans un coin, parfois une tête de chou-fleur ou des aubergines, mais c'est tout.
Bref, elle ne donnait pas le sentiment de vouloir nous proposer autre chose. Nous n'avons pas compris tout de suite, alors nous avons insisté : "tiens, on aurait très envie de pouvoir faire des naans, tu peux nous montrer ?"

Réponse : oui, bien sûr. On trouve juste un créneau où tout le monde peut venir.

OK. Entre les vacances des uns et des autres, finalement, il y a 3 semaines, on arrive pour la Naan Session.

Ah ben oui, mais non, le four, il est en panne.

OK, on comprend, ce sont des choses qui arrivent (surtout ici). Finalement, cela devait se faire la semaine dernière.

Ah ben oui, mais en fait, non, parce que vous comprenez, faut préparer la pâte la veille, et là, j'ai pas fait.

OK, tu veux nous montrer, ou pas ???

Oui, mais faut préparer la pâte la veille.

Bon, et si on disait qu'on vient tous mercredi matin, juste pour les naans, tu fais la pâte avant ?

Ah ben oui, c'est une idée qu'elle est bonne : je prépare la pâte mardi ! A mercredi !

Mercredi, on y croyait. Dur comme fer, qu'on y croyait.

Pour découvrir que la pâte avait bien été préparée (mais elle n'en refera pas une autre dose pour nous montrer exactement comment s'y prendre), en soit tant pis, Parce que s'il y a un truc compliqué pour les naans, c'est la cuisson : traditionnellement, ces galettes sont cuites collées aux parois d'un tandoor, sorte de four en brique placé dans un gros bidon debout, chauffé au feu de bois et plus récemment au gaz.
Les faire cuire à la poêle ne donne pas du tout le même résultat.

On s'attendait donc, quand elle nous parlait de four à naans, à un truc spécial. Que nenni, c'était un bête mini-four. Encore naïves, on s'est exclamées : trop génial, on peut faire les naans dans un four normal ???
On s'attendait à une astuce : la brique réfractaire, un truc du genre...

Nan nan, rien du tout, on fait cuire sur une simple plaque.

Là, j'ai commencé à douter. Mais bon. Pourquoi ne pas lui faire confiance ?

Et les tentatives se sont ensuite enchaînées, j'aurais tendance à dire plus pitoyables les unes que les autres : sur la plaque à 200 degrés, sur la plaque à 250 degrés, à la poêle (la tawa), à la flamme, puis finalement collés (sic !) à la poêle et retourné à la flamme (pour vous aider à visualiser, la galette est prise en sandwich entre la flamme et la poêle)... pour en tirer des galettes dures comme de la pierre.

Bref, il a fallu se rendre à l'évidence : elle ne savait absolument pas comment faire, et pire, elle n'avait même pas essayé AVANT.

Mais elle ne nous l'aurait pas dit. Elle a sans doute essayé de nous faire comprendre que non, elle ne savait pas, mais nous n'avons pas compris, tous autant que nous étions.

C'est vraiment difficile de se rappeler que même les Indiens éduqués, et habitués à fréquenter des Occidentaux, ne savent pas dire clairement quand ils ne peuvent (ou ne savent) faire quelque chose. Ils  louvoient, tournent autour du pot, reportent => à toi de comprendre que ça veut juste dire non. C'est pourtant tellement plus rapide, net, juste de dire non... tout le monde comprend, pas de malentendus, et au final, moins de frustration car pas d'espérances entretenues puis déçues. Nos cultures sont vraiment différentes.

 

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"C'est vraiment difficile de se rappeler que même les Indiens éduqués, et habitués à fréquenter des Occidentaux, ne savent pas dire clairement quand ils ne peuvent (ou ne savent) faire quelque chose. Ils louvoient, tournent autour du pot, reportent => à toi de comprendre que ça veut juste dire non. C'est pourtant tellement plus rapide, net, juste de dire non..."<br /> Votre blog est très intéressant mais vous avez tendance à étendre à toute la population indienne des caractéristiques précises (ici la mauvaise foi) ce qui donne l'impression aux lecteurs extérieurs que vous êtes bourrée de stéréotypes, ce qui n'est certainement pas le cas. Le racisme, l'ignorance, la xénophobie, la fierté, le besoin d'appartenance à une communauté, l'appas du gain, la mauvaise foi... ne sont pas des traits uniquement indiens mais humains et où que vous alliez, même dans le temple occidental que sont les Etats-Unis, vous verrez des gens comme ça (cf. l'administration Bush qui a mis plusieurs années à admettre qu'il n'y avait pas d'armes de destruction massive en Iraq). <br /> Personne n'aime avoir tort ou dévoiler ses faiblesses, même le réparateur français Darty qui nous soutient que le problème vient de notre ordinateur, et non pas de sa "darty-box", alors que l'on vient de lui expliquer 5 fois que le pc marchait parfaitement chez le voisin et donc qu'il n'avait aucun problème...<br /> D'ailleurs, si J.P. Sartre a estimé intéressant de développer le concept de mauvaise foi dans ses bouquins, c'est bien qu'il a trouvé matière à écrire en France... alors bon...
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