Retour : fermer le tiroir ?
Je me rends compte que rentrer n'est pas si simple dans la tête.
Outre le fait qu'aujourd'hui, on n'est toujours pas fixé (une seule proposition concrète, mais pas évidente sur le plan logistique, Lui serait à 100 bornes de là où je peux travailler et mettre Mam'zelle das une école qui lui permettrait de maintenir son anglais), il y a la partie psychologique propre à la fin de l'aventure.
Après 3 ans sans activité professionnelle réelle (j'ai tout le temps eu des élèves, mais ce n'est pas du tout la même chose que gérer une classe complète à plein temps), à mener une vie très différente (voyages, activités personnelles, gestion d'un quotidien vraiment différent de celui en France), comment balayer tout cela d'un revers de main et rentrer à nouveau dans le moule de la "vraie vie" avec toutes ses contraintes (le travail), ses aberrations (comment stresser alors qu'objectivement, la vie est plus simple et plus facile), et les ajustements (oui, le kg de carottes coûte 3 euros - au lieu de 20 rs, c'est-à-dire 30 cts d'euros) nécessaires ?
Comment fermer le tiroir ?
La question de laisser le tiroir ouvert ne se pose même pas (du moins tel que je le sens aujourd'jui) : je ne crois pas pouvoir discuter de ces années avec quelqu'un qui comprendrait toutes les incohérences ressenties.
Oui l'Inde est un pays magnifique, qui bouge. Mais c'est aussi un pays violent et dur. Oui, les Indiens sont hyper gentils et serviables. Mais ils sont aussi imbuvables et incompétents.
Voyager en Inde, je vous en parlais hier, c'est aussi contrasté : une
vraie aventure, mais épuisantr, coûteuse si on veut en profiter, avec
un rapport galères / plaisir plutôt déséquilibré.
La vie ici, avec des moyens, est extra-ordinaire. Quoi qu'à la réflexion, ça peut revenir cher juste pour des pâtes au gruyère, ou un "jambon cru - melon" en entrée, sans parler de tout ce qu'il faut faire soi-même.
Oui, je ne faisais "rien", mais passais mon temps à courir, et pas pour le plaisir (enfin si, un peu quand même).
Avec qui parler de cela ?
Les copines restées en expat ? Elles ne comprendraient peut-être pas les problèmes du retour, puisque pas encore rentrées...
Les copines de France, qui ont suivi ce blog au fur et à mesure ?
Les copines d'expat déjà rentrées ? J'ai finalement peu de contacts avec elles maintenant, mais qui sait, peut-être, le retour me mettant dans la même merde, le contact se renouera-t-il ?
Bref, ce tiroir, je pense que je le fermerais en rentrant. Et quelque part, ça complique le retour : c'est comme nier 3 ans de ma vie, 3 ans d'expériences si différentes qu'elles ne sont pas exploitables si je veux rentrer dans le moule de ma vie d'avant.
Je pourrais ne pas reprendre ma vie d'avant. Faire autre chose. Je comprend celles qui changent de vie "après".
Mais instit, c'est ce que je sais faire à peu près. Non pas que j'y excelle, je connais mes limites, ni que ce soit ma vocation sacrée, profonde, et tout... (quoique ?)
Disons que j'ai bien des défauts, mais je ne suis pas plus mauvaise que d'autres collègues. Et je crois que ça me plairait de m'y remettre. Pour voir surtout ce que ces 3 ans ont eu comme effet : serais-je plus patiente ? moins exigeante ? moins cynique ? plus sereine ? plus mûre ?
Quelle tolérance aurais-je face à la refonte du système scolaire quand je le vois glisser, lentement mais sûrement, vers un modèle qui va laisser la part belle au privé, et renforcer encore les inégalités comme c'est le cas ici ?
Sans parler de la course à la rentabilité des établissements privés, qui (ici pour l'instant, mais chez nous un jour) jettent de la poudre aux yeux au détriment de leur mission réelle.
Bref, le retour, dites-donc, c'est un peu comme l'accouchement : ça trotte dans la tête. Je me demande si partir n'a pas été plus facile !