Elections en Inde

J’ai mis du temps à m’y intéresser, mais je crois que j’ai à peu près compris le système électoral en Inde. Le système, hein, pas les partis, çа je crois que je peux faire une croix dessus, je n’arrive déjà pas à m’en sortir avec ceux (je ris rien que d’y penser) en France, alors ici, je n’essaie même pas.

Bref, alors il y a un Président (en l’occurrence une Présidente, Pratibha Devisingh Patil, première femme élue à ce poste en juillet 2007), élu par « un collège électoral spécial » (je n’en sais pas plus) pour 5 ans. Son rôle est représentatif : il ne décide rien, n’applique rien, il sourit aux appareils photos.
Le Parlement (Sansad) est composé de 2 chambres :

• la chambre haute, Rajya Sabha, 250 membres représentants les états, élus pour 6 ans au sein des Conseils des Etats ; 1/3 de cette chambre est renouvelée tous les 2 ans (il y a donc des élections locales un peu partout un peu tout le temps).
  Parmi ces 250 membres, 12 sont nommés par le Président pour représenter la Société : ces 12 membres peuvent être des journalistes, des économistes, des scientifiques des philosophes, des hommes d’affaires, des sportifs et bien entendu, des acteurs.

• La seconde Chambre, la Chambre Basse, Lokh Sabha, est celle qui nous intéresse en ce moment, car celui qui dirige le pays est nommé par la Lokh Sabha. Le Premier Ministre est en effet choisi à l’issue du renouvellement de la chambre basse, en fonction des coalitions, etc. En ce moment, c’est le Sikh Manmohan Singh, depuis mai 2004.

La Lokh Sabha est élue par le peuple au suffrage universel, chaque état étant doté d’un certain nombre de circonscriptions (28 pour le Karnataka).
Il y a 552 sièges maximum : 530 sièges pour les 28 Etats, 20 sièges pour les 7 « Territoires », et 2 sièges pour représenter la communauté Anglo-Indienne.
Ces élections sont appelées « Elections Générales », et ce sont les plus importantes du pays. Elles ont lieu tous les 5 ans. La dernière fois, c’était en avril-mai 2004. Je vous laisse faire un petit calcul… oui, on est en plein dedans, pour leur 15ème édition. Ça a commencé en avril sur Dehli, avec à la clé des actions « militantes » (terroristes) des Maoistes (pour une fois que ce ne sont pas les Islamistes !).

C’est plus de 700 millions d’électeurs qui sont appelés aux urnes, avec un déploiement militaire conséquent afin de limiter les fraudes et les attentats, une mobilisation énorme des officiers administratifs pour organiser, collecter, dépouiller les bulletins.
Il se dit que la fraude régresse. Il se dit aussi que jeudi dernier, jour des élections sur Bangalore, une voiture a été interceptée avec à son bord 12 crores (1.200 lakhs, 120 000 000 RS) en cash et bijoux en or. L’histoire ne dit pas où, mais on suppose que c’est « par ici », et bien entendu, ce n’était pas juste un particulier qui changeait de banque… Je ne sais pas si l’achat de voix est considéré comme une fraude.

Des machines à voter (un gros million sur tout le pays) ont fait leur apparitions ces dernières années et se multiplient, limitant la fraude et les files d’attentes aux bureaux de votes, car permettant un vote plus rapide. Les bulletins de vote ont aussi été simplifiés afin de faciliter le déroulement de ces vastes élections. Ça a aussi un coût faramineux, mais c'est l'exercice démocratique le plus gigantesque au monde ! Je ne sais pas si vous vous rendez compte du nombre de votants, de l'organisation que cela demande. Et ça marche.