Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
expat' à Bangalore
expat' à Bangalore
Derniers commentaires
Archives
23 juin 2008

Droit de réponse

outree
Madame, je viens de lire quelques articles de votre blog et je suis absolument outree par votre mepris envers les Indiens ("j'ai vraiment le sentiment de gérer un adolescent..." ou bien "la notion de vacances semble l'effrayer : des jours entiers sans rien faire, à rester entre ses 4 petits murs, brrr...", "s'il le faut, à chaque retard, on retirera 50 RS de ton salaire", parmi tant d'autres).

Votre mepris et votre dedain traduisent votre incomprehension totale de cette culture et votre fermeture d'esprit. Vous ne cherchez meme pas a commencer a comprendre. Votre attitude envers vos employes pue le neo-colonialisme, ce qui est d'autant plus insupportable lorsque cela vient d'une personne dont la maniere de s'exprimer dans ce blog ("bon, bé..." "Pis qu'elle aurait aussi des tissus", "c'est une nana qui vient de s'installer.. que s'il faut retourner 5 fois pour valider.." On est ou la??!!) traduit la pauvrete culturelle.

Il ne faut pas s'attendre a ce que vos interlocuteurs se comportent differemment de la maniere dont vous les traiter (avec un paternalisme, comme si vous parliez a des idiots). Vous perdez vraiment votre temps en Inde et donnez une image repugnante des Francais (cela dit, en vous lisant je vois bien que les autre Francais autour de vous se comportant de la meme facon, quel dommage!!).
 
     

---------------------------------------------------------------------------------------------------------

Je comprends votre sentiment. A votre absence d'accentuation , j'en déduis que soit vous ignorez les règles élémentaires d'orthographe (ce que votre appel à une certaine tenue linguistique dénie), soit que vous écrivez d'un clavier qwerty et que vous résidez en Inde. 

 

Je vous invite à lire ce mail (jusqu'au bout, et pour vous faciliter la tâche je réduirai ces effets de genre qui vous ont tant déplus et châtierai mon expression). Ensuite je serais fort aise de discuter de cette culture que vous pensez que je ne comprends pas.

 

Notre comportement néo-colonialiste est bien plus respectueux du "petit personnel" (expression que vous attendez certainement de ma part, pardon pour la pique) que celui des Indiens qui nous entourent, et qui corvéent à merci leur staff, pour un salaire qui représente à peine plus d'un loyer décent (2500 RS pour 15 m carrés sans toilettes ni eau courante - le salaire d'une maid est de 2000-3000 RS / mois, celui d'un chauffeur 4000, 5000. Multipliez par deux ce salaire chez ces gros cons de colons)

Comment, mais vous n'avez pas une maid pour débarrasser la table ? (à 23 h ? non, la mienne a fini son service à 17h et est rentrée s'occuper de SA famille). Vous conduisez pour rentrer ? Mon dieu, mais appelez votre chauffeur ! (euh, il est 22h, il a fini son service depuis longtemps lui aussi)

Sans parler de leur façon de parler à leur staff : je peux vous dire que même en me fâchant rouge, je n'arrive pas à la moitié de la cheville des Indiens qui parlent à leur personnel (ta mère devrait avoir honte d'avoir pondu un batard dans ton genre, éloquent, non ?), et mon chauffeur aurait été mis à l'amende (voire renvoyé) bien plus sèchement par un patron indien.

 

Et oui, j'ai l'impression d'avoir affaire à un adolescent : merci cependant de ne pas prendre les ados pour des imbéciles, je dis simplement que je ne peux pas attendre de lui les mêmes réactions qu'un adulte occidental.

J'ai plein d'exemples, voici le dernier en date : je lui ai demandé de trouver une barre de bois ronde, diamètre ½ inch. Il est allé dans le premier magasin de rideau du coin (jusque là, on est d'accord), pour revenir me dire que le diamètre, c'est 1 inch. Voilà, travail fini.
J'insiste : effectivement, dans le commerce de base, le diamètre des tringles à rideaux, c'est 1 inch, mais peux-tu me trouver juste une barre de bois (pas une tringle) de ½ inch de diamètre ? En bambou, en ce que tu veux... C'est ton pays, ta langue, ton quartier, ton métier. Ben non, il est resté bloqué sur l'idée de la tringle. Ça fait une semaine que ça dure, il ne trouve pas de tringle à la bonne dimension, et je sens bien qu'il ne peut pas comprendre que je ne veuille pas une tringle (c'est pour des rideaux, il a raison en cela), et que je veuille juste un autre objet.

Je ne vois pas comment traduire cela autrement que par « niveau d'abstraction faible ». Ça ne veut pas dire débile, ni crétin, juste niveau de réflexion limité (parce que expérience de vie différente = de mon point de vue, c'est le niveau moyen d'un ado qui n'a pas encore vécu ni appris à se débrouiller sans Papa-Maman)

Un autre exemple ? Les bonbonnes d'eau.
L'eau du robinet n'est pas potable, nous achetons donc de grosses bonbonnes de 25 litres. Cette eau en bonbonne n'est pas une eau naturelle, c'est une eau filtrée, puis traitée (chlorée, passée aux UV, etc), parfois au goût assez... bref, une fois habitué à une marque, c'est aussi bien d'y rester fidèle. De plus, les bonbonnes sont consignées, vous ne pouvez pas racheter une bonbonne de la marque X si la bonbonne que vous rapportez est de la marque Y. Nous avons deux bonbonnes, pour assurer un roulement serein.
Or en ce moment, ce n'est pas de chance, la marque que nous utilisons est en rupture épisodique : on s'est donc trouvé dans la situation d'avoir les 2 bonbonnes vides, sans moyen d'obtenir une autre marque (à moins de racheter une bonbonne avec la consigne, soit 500 RS au lieu de 100). Heureusement, la marque est revenue. Au lieu de rendre les 2 bonbonnes et d'avoir donc 2 bonbonnes idoines de la bonne marque, mon chauffeur en a juste changé une. Qui s'est trouvée consommée en 3 jours, retour à la case rupture, pas d'eau... Il a bien fallu racheter une troisième bonbonne d'une autre marque, en rajoutant la consigne. Qui paye ? C'est nous bien entendu, mais le chauffeur n'a fait preuve de beaucoup de jugeote. Une famille indienne aurait tancé le chauffeur et retenu le surcoût sur ses gages.

Arriver à l'heure fait partie de ses contraintes, et justifie qu'on lui verse un salaire supérieur à la moyenne. La retenue sur salaire (la menace) intervient après trois rappels de la contrainte. Avec des Indiens, il aurait été viré la seconde fois, sans autre forme de procès ni chance de rachat.
Je précise que ce chauffeur est jeune (26-27 ans), qu'il est gentil, prêt à faire son travail. Mais qu'il faut recadrer souvent, comme on le fait d'un ado qui a du mal à se lever le matin, qui préfère rester discuter avec ses copains plutôt que de rentrer en cours à la sonnerie inter-cours, etc, et qui, s'il peut bâcler ses devoirs sans conséquences, ne s'en privera pas. Ce qui n'est pas un comportement d'un adulte responsable, payé davantage que ses homologues parce que prétend avoir les compétences requises pour un service parfait.

Si je me retrouve à le manager comme je le ferais d'un adolescent, c'est que je suis bien obligée. Le traiter en adulte responsable ne ferait que le mettre dans des situations qu'il ne parviendrait pas à gérer de façon satisfaisante : j'ai besoin d'eau, dois-je accepter sans rien dire de ne plus en avoir ? J'ai besoin de conduire ma fille à l'école, dois-je accepter qu'elle soit en retard tous les jours (et que la maitresse lui fasse des remontrances) parce que le chauffeur ne s'est pas levé ?

 

 

Le peuple est maintenu par l'élite indienne dans des conditions d'ignorance crasse, qui facilite leur acceptation des conditions de vie qui leur sont imposées. Je ne dis pas qu'ils sont malheureux. Mais on leur coupe toute aspiration, toute élévation par l'abrutissement dans lequel on les maintient. En cela, je ne me sens pas responsable : les dirigeants indiens préfèrent mettre l'argent dans leurs poches plutôt que dans des écoles, des égouts, des collectes d'ordures.

 

Niveau éducation : un vendeur adulte a beaucoup de difficulté, à partir du prix de 6 objets, à adapter le prix à 5 objets. Une vendeuse de viande me certifie que la viande est plus fraiche maintenant parce qu'elle l'a réemballée, et l'étiquette indique la date du jour (la viande est toujours de la veille, mais ça, ce n'est pas la peine de tenter de le lui faire comprendre). Ceci étant, quand on voit l'état du système public, ce n'est pas étonnant ; ce sont les écoles privées qui forment les élites, pas le système étatique.

Tu paies à prix d'or un service (la confection d'une robe, simple copie), on te jure que tu n'auras aucune surprise, tu as affaire à un Professionnel : tu reviendras 5 fois pour expliquer que non, ça ne va pas, c'est (toujours) trop serré là et là, pour finalement avoir une robe qui craque au bout d'une heure (n'est-ce pas, Charlotte ?) et tu abandonnes là. Avec le sourire en prime ???

 

On construit à tour de bras : des centres commerciaux de luxe, des bureaux... Mais les hôpitaux sont surchargés, certains patients font la queue plusieurs jours avant d'être soignés. Une urgence ? Si t'es riche, tu paies et ça va, si t'es pauvre, vide-toi de ton sang, personne ne bougera le petit doigt tant que ce n'est pas à ton tour.

 

Alors oui, je peux sembler amère dans ce blog (qui est un défouloir pour moi), mais quelque part, cette amertume n'est pas venue toute seule.

Et je ne pense pas que ce soit une méconnaissance de la culture indienne. La culture indienne n'est pas toute douceur et compréhension. Elle est aussi rejet de l'autre, colère et agressivité. Je vous rappelle que Gandhi a été assassiné, par des Hindus, et que 50 ans plus tard, les ¾ de l'Inde ont toujours les pieds dans les ordures, continuent à déféquer là où ils sont au moment du besoin, à penser que le Gange est pur 0% de bactéries, on peut boire son eau sans souci, j'en passe.

Tout en ayant une élite excellente, souvent qui s'expatrie aux USA (et à leur retour, je peux vous dire que si je vous semble méprisante envers ce pays, surtout n'écoutez jamais un NRI), ou qui revient au pays et ne pense qu'à se remplir les poches.


La culture de la famille est forte ici, extrêmement forte. A la question "qui sont vos héros ?", nombreux sont ceux qui nomment leurs parents. La famille est tout. Corrolairement, le reste (du monde) n'est rien. Ce qui explique qu'on se renverse gaiement dans la rue (bon, si la victime et le bourreau sont de même confession, ça va, mais s'ils sont Hindus / Musulmans, attention à l'émeute), ou qu'à l'heure de la Partition, on égorge le cafetier qui vous a servi votre chai pendant 15 ans avant de violer la fillette que vous avez vue grandir et fait sauter sur vos genoux.
Vous évoquez le paternalisme néo-colonial (pourquoi néo ? quand un employé s'attend à ce que vous payiez les frais de santé, de scolarité, la caution du logement , je pense qu'on peut parler de paternalisme tout court), mais "il faut bien" : quelle autre solution ? L'Inde s'est ouverte en dépit du bon sens au système capitaliste libéral, a perdu une grande part de sa force (et de sa culture) dans cette course aux profits, tout en conservant des freins immenses (notamment culturels : les histoires de mariages arrangés - j'ai plusieurs exemple fort malheureux dans mon entourage, celles des dotes des épousées futures vitriolées, des fœtus féminins avortés - jetez un œil au ratio des naissances filles/garçons dans certains états de ce grand pays).

Alors quoi ? tout le monde il est beau ? Ce n'est pas ce que je vis. Ce n'est pas ce que je vois.
L'Inde super Nation ? Ce n'est pas non plus ce que j'en vois ici, à Bangalore, quoiqu'en veuille m'en faire accroire.

Les Occidentaux gros cons racistes ? C'est par ici. Avec leurs copains Indiens gros cons racistes juste à côté.
Les Indiens brain-leaders  ? Sans doute, mais pas dans la rue ni dans la vie de tous les jours...

Pour faire plus ample connaissance, jetez un oeil ici.

 

 

 

Publicité
Commentaires
V
Merci pour ce commentaire. Je sais que beaucoup de personnes comprennent ce qui se passe ici. Mais les réactions négatives sont aussi l'occasion de se poser des questions.<br /> <br /> Je n'ai pas attendu Mme Outrée pour m'interroger sur ce que je fais ici : la réponse est, maintenant, évidente : j'aide ma famille à vivre cette période le mieux possible.<br /> <br /> Nous ne sommes pas venus faire de l'argent (cela reste intéressant - mais juste un peu : mon salaire est passé à la trappe, la différence finale n'est pas si élevée) : mon mari a senti cette aventure comme une occasion professionnelle difficile à refuser, comme un chapitre sans doute à vivre, et nous essayons de la vivre au mieux. C'est très enrichissant pour notre fille, humainement, socialement. Ça l'est aussi pour nous, bien entendu.<br /> <br /> Mais ce n'est pas la vie en rose, ici... Madâme a une femme de ménage, un chauffeur, un jardinier... Elle se la joue ? Ces "luxes" n'ont de luxe que l'apparence, et sont aussi des charges. Je ne me plains pas de "mon personnel", sauf quelques fois, parce que quand même, y'a des moments grrrr, comme dans toutes relations entre vrais gens.<br /> <br /> Bien sûr, tout n'est pas négatif, mais on est loin de la vie facile et dorée que peuvent s'imaginer les gens qui n'ont pas vécu dans ce genre de pays. et nous sommes dans des conditions privilégiées, nous en sommes conscients. <br /> Qu'on nous fait payer au triple de sa valeur, soyons clairs également.
M
Bonjour , et merci pour votre blog, surtout continuez, j'ai grand plaisir à suivre les péripéties de votre vie quotidienne, et vos commentaires lucides et pleins d'humour.Oubliez Mme OUTREE, qui porte des jujements péremptoires, et qui semble t-il n'a pas eu la chance de découvrir l'INDE sur le terrain. Alors qu'elle fasse confiance a ceux qui y vivent.<br /> J'ai récement séjourné à BANGALORE ou ma fille est en stage, et ce que vous décrivez, je l'ai vécu,et ma fille m'a rapporté des anecdotes similaires.A bientot sur le blog: une amie virtuelle
expat' à Bangalore
Publicité
Publicité